La marque
Si Shanahan avait détruit le dossier, il avait emporté les morceaux de papier avec lui. Le temps de nous en assurer, il était suffisamment tard pour nous mettre en chasse et retrouver la deuxième personne échappée du portail.
En sortant de la maison du mage, je vérifiai la messagerie de mon portable et découvris que Robert avait appelé pendant que nous étions à l’intérieur. On le rappela en utilisant le kit mains-libres de l’Explorer.
— Je crois que j’ai de bonnes nouvelles pour vous, annonça Robert.
— Tu sais comment refermer le portail, devinai-je.
— Vous étiez sur la bonne voie et vous en avez déjà fait la moitié. Pour fermer un portail dimensionnel impliquant un sacrifice humain, il vous suffit de renvoyer les âmes sacrifiées dans l’au-delà.
— En d’autres termes, tuer les zombies.
— Précisément. Mieux encore, vous leur faites une faveur. Au lieu de retourner au sein du portail dimensionnel, ils ont droit à l’après-vie qu’ils auraient dû connaître.
— Celui qu’on a éliminé ce matin ne serait peut-être pas du même avis, étant donné qu’il semblait plutôt bien manier le couteau. S’il a commis des crimes, il n’apprécie sans doute pas beaucoup l’endroit où on l’a expédié.
J’entendis un petit rire à l’autre bout de la ligne.
— C’est vrai. Mais je suis sûr que la pauvre femme, en revanche, ira dans un endroit meilleur.
— Alors, c’est ce qui s’est passé la dernière fois ? Quelqu’un a tué le zombie, et le portail s’est refermé ?
— Eh bien… pas exactement. Dans ce cas précis, le portail avait été rouvert peu de temps après sa création. Cela veut dire que le mage qui l’avait créé était encore vivant et qu’il contrôlait le zombie. Pour tuer le zombie, ils ont eu besoin de tuer le contrôleur.
— Comme pour un zombie réanimé par un nécromancien ?
— Quelque chose comme ça, oui. Dans les deux cas, si le zombie est sous le contrôle de quelqu’un, il ne peut pas être tué. Si le tien avait été réanimé par un nécromancien, un coup fatal ne l’aurait pas tué.
— Comme dans les films. On a beau leur taper dessus à coups de hache, ils continuent à avancer.
— Exactement. Mais les zombies dimensionnels sous la coupe d’un contrôleur… (Il s’interrompit en riant.) Désolé. Talia me fait la grimace en disant que je m’éloigne tellement du sujet que je risque de vous perdre. Vous n’avez pas besoin de renseignements sur les zombies contrôlés, puisque, de toute évidence, ce n’est pas à ça que vous avez affaire. Pour contenir des zombies du xixe siècle, il a fallu que votre portail soit ouvert à l’époque où la lettre a été écrite. Seul un mage peut créer un portail, et ils ont une longévité normale, ce qui veut dire que celui qui a créé le vôtre est mort depuis longtemps.
— Et donc, tout lien entre les zombies et leur créateur est déjà rompu, intervint Jeremy.
— Tout ce que nous avons à faire, c’est tuer le deuxième zombie, renchérit Clay.
— Permettant ainsi au portail de revenir à un état équilibré, ajouta Robert. L’ouverture du portail permet à ces âmes de traverser les dimensions, ce qui provoque un déséquilibre. Renvoyez-les dans l’au-delà, et toute personne qui se serait aventurée dans le portail sera libérée. L’équilibre sera restauré. Le portail se refermera.
On espérait retrouver facilement la femme au terme d’une piste dont nous ne perdrions pas l’odeur. Même après vingt-quatre heures, ce n’était pas aussi improbable qu’il aurait pu y paraître. L’inconnue venait d’un autre siècle et n’avait sans doute pas sauté à bord d’un train de banlieue.
L’homme au chapeau melon s’était rapidement adapté aux moyens de transport modernes, mais le car-jacking n’était sans doute pas très différent du fait de voler un cheval ou un buggy, ce que je le soupçonnais d’avoir déjà fait. Il avait compris que les voitures étaient l’équivalent moderne d’un attelage tiré par quatre chevaux, il en avait arrêté une et avait laissé la partie compliquée au conducteur.
Quant à savoir comment il nous avait repérés, on présumait que cela avait un rapport avec la lettre. Mais de là à comprendre pourquoi il la voulait… cela intriguait même Robert. Il supposait que le zombie nous avait suivis à la trace comme un chien suit l’odeur d’un lapin – parce que son instinct lui dit de le faire. Pour éviter ce problème, cette fois, nous avions laissé la lettre dans la voiture, cachée dans un endroit auquel il fallait une force de loup-garou – ou un vérin hydraulique – pour y accéder.
On commença la traque sous forme humaine, en démarrant à un pâté de maisons du site du portail, là où j’avais repéré l’odeur de la femme plus tôt ce jour-là.
La piste nous mena dans une zone industrielle truffée de bâtiments partiellement ou totalement abandonnés. On suivit de nombreux méandres, comme si la femme s’était attardée dans les parages. Mon odorat finit par nous conduire dans l’un des bâtiments en question – elle avait dû s’y reposer. Puis la piste sortit de la zone en serpentant jusqu’à une rue plus animée, où se trouvaient encore beaucoup de bâtiments industriels et des entrepôts, dont un grand nombre avaient été reconvertis en lofts et en boîtes de nuit. On longea les boîtes de nuit en passant à côté de gens qui faisaient la queue pour entrer.
— Elle a traversé la route ici, dis-je.
Nous n’avions fait que quelques pas lorsque je sentis de nouveau une odeur de pourriture, plus forte et plus récente.
— Moi aussi, je la sens, dit Clay. Elle est tout près.
Je m’arrêtai au beau milieu de la route en humant, portée par la brise, une nouvelle bouffée de cette odeur désagréable. Je levai les yeux et aperçus une petite silhouette robuste sous le faible éclairage d’un lampadaire. Elle portait une espèce de manteau à capuche, des hauts talons et une minijupe, et elle nous tournait le dos.
Une voiture klaxonna. Clay m’attrapa par le coude et se dépêcha de me faire traverser jusqu’à une ruelle. Je jetai un coup d’œil dans la rue principale, puis revins vers mes deux compagnons.
— Alors, comment on la joue ? chuchotai-je.
— On se contente de mettre fin à ses souffrances, répondit Jeremy.
— Tu ne veux pas l’interroger ?
— Pas besoin, répondit Clay.
Jeremy hésita. Je savais qu’il se disait lui aussi que ce serait bien de lui poser des questions. Par pure curiosité personnelle, évidemment, mais on pouvait masquer ça sous le voile de l’érudit qui voulait étendre les connaissances du monde surnaturel à propos des portails.
Au bout d’un moment, il secoua la tête.
— Non, le mieux, c’est de la tuer, de la façon la plus rapide et la plus indolore possible. Clay ? Va la voir et invite-la à te suivre dans la ruelle.
Clay regarda Jeremy comme si ce dernier venait juste de lui demander de danser la rumba en pleine rue.
Je ravalai un éclat de rire.
— Tu n’as qu’à marcher jusqu’à elle et désigner la ruelle en disant… je ne sais pas, moi… quelque chose comme « Cinquante billets ». Ça te paraît correct ?
Il haussa les sourcils.
— Pourquoi tu me poses la question ?
— Je ne voulais pas… enfin, en règle générale… (J’écartai les mains.) Comment suis-je censée savoir combien coûte une pute ?
— Je n’en sais pas plus que toi !
— Très bien, soupirai-je. Cinquante dollars, ça paraît correct. Ce n’est pas comme si elle connaissait les tarifs en vigueur, de toute façon. Tu n’as qu’à dire ça en désignant la ruelle d’un signe de tête. Elle te suivra.
Clay continua à nous dévisager tous les deux d’un air horrifié.
— Oh, pour l’amour du ciel, tu es prêt à lui briser la nuque, mais tu ne peux pas…
— Je m’en charge, intervint Jeremy, avant de me lancer un regard en coin. Non pas que j’aie plus d’expérience que Clay avec les prostituées.
— Ça ne m’a jamais traversé l’esprit.
J’eus droit à un regard faussement moqueur. Puis, il sortit de la ruelle.
Je suis sûre que « cinquante billets » et un signe de tête en direction de la ruelle auraient suffi, mais Jeremy lui parla d’abord pendant deux minutes. Puis il l’amena dans la ruelle.
En voyant qu’on en bloquait l’issue, elle s’arrêta net. Sur ses talons, Jeremy réagit rapidement. Il avait l’intention de lui briser la nuque avant qu’elle se rende compte de ce qui lui arrivait. Rapide et quasiment indolore. Mais nous l’avions alertée trop tôt, et elle s’élança en courant – droit sur moi. Je feintai sur la gauche et levai le poing, prête à lui balancer un crochet… Mais je suspendis mon geste en la voyant trembler, les yeux écarquillés.
Je compris alors qu’elle avait couru vers moi pour que je la protège. Je me forçai à ne pas oublier que la tuer était un acte de clémence – cela lui permettrait d’obtenir une après-vie décente. Mais je fus incapable de la frapper.
Je me tournai vers Clay et Jeremy, mais ils étaient tous deux pris au dépourvu. Rapide et indolore, tu parles !
Comme personne ne bougeait, elle baissa la tête et se mit à sangloter. Ce que j’avais pris pour une espèce de cape était en réalité un châle rabattu sur son visage, afin de le dissimuler dans les plis du tissu. C’était sûrement le seul moyen pour elle d’exercer son métier à Toronto. D’après ce que j’avais entraperçu de son visage, elle devait bien avoir la soixantaine – mais une soixantaine abîmée par la boisson et des conditions de vie difficiles.
— Qui êtes-vous ? lui demandai-je.
Clay me lança un regard noir que je lui rendis. Tant qu’à rester plantés là en cherchant un plan B, je pouvais bien lui poser quelques questions. Ce n’était pas comme si mes deux compères se bougeaient les fesses.
Elle renifla et s’essuya le nez sur ses gants.
— Je… j’sais pas, dit-elle. J’m’en souviens pas. J’étais… dans un endroit horrible. Pendant si longtemps. (Elle réprima un sanglot.) C’était le purgatoire, moi, j’vous l’dis. C’est là qu’y m’a envoyée. J’ai p’têt’ pas vécu en bonne chrétienne, mais j’méritais pas ça.
— C’est une erreur que nous allons bientôt réparer, assura Jeremy en nous regardant comme pour dire : « Allez-y, réparez-la. »
Clay s’avança, mais je secouai la tête. Il lui donnerait une mort rapide, mais elle le verrait venir, car lui penserait que ce serait fini avant qu’elle ait le temps d’y réfléchir. Je pouvais faire mieux. Je fis signe à Jeremy de lui poser une autre question, afin que je puisse me glisser derrière elle sans qu’elle le remarque.
— Vous avez dit « il ». Vous avez été assassinée ?
Je me glissai sur le côté pendant qu’il parlait, mais elle tourna aussitôt la tête en me suivant des yeux.
— T’es presque à terme, pas vrai, ma jolie ? dit-elle avec un sourire où il manquait des dents. T’es si belle. T’auras un beau petit, en pleine santé. Tu veux que j’te dise ce que ça sera ? demanda-t-elle en s’avançant vers moi, les mains écartées. C’est un vieux truc de sage-femme, mais ça marche à tous les coups.
— Euh, merci, dis-je, mais je préfère garder la surprise.
— Fais-moi plaisir, petite, dit-elle en continuant à avancer. Ça prend pas longtemps. Y suffit que j’pose mes mains…
D’un bond, Clay s’interposa entre nous. La femme tituba en arrière. Jeremy voulut la rattraper. Le châle glissa. Clay me tira à l’écart si violemment que j’eus à peine le temps d’entrapercevoir le visage de la femme, couvert de lésions et de rougeurs.
Je voulus l’aider à se relever.
— Non, ordonna sèchement Jeremy. Ne la touche pas.
Je le regardai en fronçant les sourcils.
— Ce n’est pas contagieux. C’est sûrement dû à la décomposition…
— Non, ce n’est pas ça le problème. Et c’est bel et bien contagieux – ça ne s’attrape peut-être pas par simple contact, mais on ne va pas prendre de risque.
— Vous vous êtes tous bien rincé l’œil, hein ? gronda la femme, toujours à terre. Z’avez bien vu c’te pauvre Rose ? (Elle se tourna vers moi.) Tu t’crois en sécurité, ma fille ? Parce que t’as un grand costaud pour t’protéger ? (Elle cracha par terre.) Y va t’user jusqu’à la moelle et pis y te jettera comme une malpropre. C’est pas mon boulot qui m’a filé ça, nan, ajouta-t-elle en levant sa main constellée de rouge. C’est mon prop’ mari. Y m’a refilé la syphilis et y m’a laissé crever. (Elle sourit, dévoilant des dents aussi pourries que son visage.) Mais j’ai eu ma revanche, oui monsieur. J’ai envoyé plus d’un bonhomme en enfer avec la même trogne que moi et j’ai déjà réussi à en attraper deux dans le coin. Ici ou là-bas, pas de différence. Du moment qu’ta chatte fonctionne, y demandent pas à voir ta tête.
La syphilis. Je reculai lentement vers Clay.
— Ton beau gars, là, y peut pas te protéger, ma fille. Pas avec la marque que tu portes.
— Quelle marque ? demandai-je.
— C’est ton sang qui a ouvert le portail. (Elle sourit.) Tant que tu vivras, on saura te retrouver. Y suffit de suivre la marque.
— Ah ouais ? dit Clay. Mais ça marche dans les deux sens, pas vrai ? Tu peux la retrouver tant que toi aussi, tu es en vie, ce qui… (Il glissa les mains sous les cheveux de la femme.)… ne va plus durer très longtemps.
Il tourna d’un coup sec et lui brisa la nuque, puis sauta en arrière avant que son cadavre puisse le heurter dans sa chute. Elle commença à se désintégrer avant même de toucher le bitume.
— C’est bon, on peut partir ? demanda Clay.
Jeremy acquiesça.
— On a fini.
On avait laissé la voiture près de Cabbagetown. Cela faisait une petite promenade, quand même, alors on s’arrêta à mi-chemin pour prendre une boisson fraîche, en s’asseyant à la terrasse d’un café dont l’employé s’apprêtait à fermer pour la nuit.
— Alors, elle avait la syphilis, dis-je. Et elle l’a répandue autour d’elle.
— Si c’est le cas, c’est la faute du type qui ne portait pas de protection, rétorqua Clay. Un type assez stupide pour faire une chose pareille mérite la syphilis ou toute autre saloperie du même genre.
Je lui lançai un regard de reproche, mais ne protestai pas. Ce n’était pas la peine.
— Mais si quelqu’un attrape la syphilis…
— Alors, c’est sa faute. (Clay soutint mon regard.) Pas la tienne, parce que ton sang a ouvert un portail et a permis à cette bonne femme d’en sortir. Ce n’est même pas à cause de toi qu’il s’est ouvert. C’est moi qui ai écrasé le moustique. Si tu dois en vouloir à quelqu’un, c’est à moi, pas à toi.
— De toute façon, même si quelqu’un a contracté la maladie, ça se soigne de nos jours avec de la pénicilline, renchérit Jeremy.
— Elle est morte, martela Clay. La menace a été éliminée. Maintenant, vous en pensez quoi, de cette histoire de marque ? Ce doit être à cause de ça que ce type a poursuivi Elena. Il ne suivait pas la lettre, mais la marque.
Je hochai la tête.
— S’ils veulent récupérer la lettre, qui qu’ils soient, le moyen le plus rapide est de retrouver la personne dont le sang a ouvert le portail. Mais ça n’a plus d’importance, maintenant. Comme tu l’as dit, les zombies sont morts et redevenus poussière. Alors, qu’est-ce qu’on va faire de cette lettre ?
— Tu veux rentrer à la maison cette nuit ? demanda Clay en retournant à la voiture loin derrière. Ou trouver un hôtel et repartir après avoir dormi ?
— Si tu te sens le courage de conduire, je veux bien rentrer cette nuit. Je sais que tu as hâte d’être à la maison.
Il secoua la tête.
— Peu importe. Tu ne dors pas bien dans les hôtels, mais tu dormiras sans doute encore moins bien assise dans une voiture. Le choix t’appartient.
Je lui serrai la main.
— Merci. Je suis vraiment prête à rentrer à la maison, mais, peut-être… (Je haussai les épaules.) Je ne sais pas. Je préfère attendre demain matin et m’assurer que tout est revenu à la normale.
Jeremy ralentit pour nous permettre de le rattraper.
— Mieux vaut dormir d’abord. On a eu deux nuits presque blanches. Reposez-vous ; ensuite, on rentrera chez nous.
De retour à l’hôtel, Clay et moi fîmes ce que l’on faisait pratiquement tous les soirs avant d’aller se coucher – quand on ne sortait pas courir de nuit. On discuta autour d’un verre afin de se détendre avant de dormir. Ces derniers temps, le verre se transformait en chocolat chaud ou en tisane plutôt qu’en cognac. Cette nuit-là, ce fut de la tisane en sachet, fournie par l’hôtel. Nous étions seuls dans notre chambre, ce qui dérogeait également à la règle : Jeremy était parti dans la sienne dès notre arrivée à l’hôtel.
Nous étions donc étendus sur le lit pour boire notre tisane et manger nos cookies en essayant de ne pas éparpiller de miettes sur les draps.
— Ça me fait mal de l’avouer, dis-je, mais je crois que j’ai eu suffisamment d’excitation pour tenir jusqu’à la fin de cette grossesse.
— Fatiguée ?
— Pas vraiment… (Je ravalai un bâillement en riant.) D’accord, je suppose que si. J’ai eu ma petite dose d’aventure et maintenant je suis prête à rentrer à la maison et à rester enfermée jusqu’à la fin. Je parie que ça te fait plaisir d’entendre ça, ajoutai-je en souriant.
Il me tendit un autre cookie.
— Bien sûr… Mais si l’enfermement commence de nouveau à te rendre folle, dis-le-moi et on essaiera de te changer les idées, pour que tu ne penses pas qu’au bébé.
— Pour que je ne m’inquiète pas pour lui, tu veux dire. C’est vrai que ça me rend folle. On a passé trois ans à réfléchir à tous les détails. « Et si j’accouche d’une fille ? Comment se sentira-t-elle en grandissant au milieu de tous ces loups-garous sans en être une ? Est-ce que c’est juste ? Et si c’est un garçon, mais qu’il n’hérite pas de nos gènes ? Ou si, au contraire, il en hérite ? Est-ce que c’est juste d’imposer un tel fardeau à notre enfant ? Et si je ne peux pas le porter à terme ? Et si…» (Je grommelai en secouant la tête.) Nous avons débattu de toutes les questions possibles et imaginables jusqu’à avoir toutes les réponses.
— Enfin, c’est ce qu’on croyait.
Je me secouai, me retournai et me glissai sous son bras afin de poser la tête sur son épaule.
— Il est temps d’arrêter de parler pour dormir un peu. Dans quelques mois, des nuits calmes comme celle-ci me manqueront terriblement.
— Elles nous manqueront à tous les deux. C’est une aventure conjointe, tu te rappelles ? J’aimerais juste pouvoir y participer davantage maintenant et endosser la moitié du fardeau de cette grossesse, la moitié de l’inquiétude.
Je me nichai contre lui et m’endormis avant même qu’il ait éteint la lumière.